Par Daniel Cyrenne
26.12.04 Cette année, c’est assez spécial car il y a 4 départs différents. En effet, 7 personnes, sont déjà partis avant la date prévue car il n’y avait plus de places à bord de KLM pour un départ le 26 décembre. Ils sont partis à bord de British Airways, mais devront transiter par Nairobi et devront prendre le bus pour se rendre à Arusha.. Trois personnes sont partis le 22 décembre et feront l’ascension du Mt-Meru en nous attendant et les quatre autres sont partis le 24 décembre.
Nous sommes six à partir le 26 décembre et une dernière partira le 27 décembre pour rejoindre le groupe à Arusha dans la soirée du 27. Ouf !
Donc, si on fait le compte, nous serons quatorze à réaliser le projet de cette année dont Yvan Martineau de TQS qui en profitera pour tourner des images afin de réaliser des reportages à son retour au Québec.
À notre arrivée à Kilimanjaro Airport, Sebastian, un des guides de safari de la compagnie de trekking, nous attend pour nous conduire à notre hôtel d’Arusha. Ceux qui sont déjà arrivés étaient trop fatigués pour venir nous chercher et de toute façon, il n’y avait pas assez de places dans la Land Rover. Nous arrivons à l’hôtel vers 23h00 …
28.12.04 Nuit parsemée de réveil à plusieurs reprises, mais ça fait du bien de récupérer un peu de cette longue journée de transport. Nous prenons le petit-déjeuner à l’hôtel et nous partons vers 10h30 pour la visite d’un petit village sur les flancs du Mt-Meru.
Plein d’enfants nous suivent et avec raison car Pierre, Marcel et André ont apporté des crayons et autres surprises et les donnent à ceux qui sont près de nous … Nous prenons beaucoup de film et photos qui seront utiles pour les reportages télé d’Yvan au retour. Nous poursuivons notre petite marche dans la poussière et à travers les maisons et champs du village. Le retour s’effectue vers 14h00 à pied pour certains et en bus. Après la douche, c’est le temps d’une petite sieste et nous soupons à l’hôtel.
29.12.04 Petit-dej. à l’hôtel et le groupe part pour le village Massaï de Longido. Ce village traditionnel est tout près de la frontière du Kenya et les habitants ont conservé leur rythme de vie traditionnel malgré l’afflux continuel de touristes. Tout le monde revient enchanté de la visite du village et certains vont même jusqu’à poursuivre la tradition Massaï en »cotant » Marie-Josée comme le ferait le peuple Massaï … Elle vaut bien 7 vaches s’exclame Éric-Luc, mais André, par honnêteté et non par flatterie, estime quant à lui que 9,5 est beaucoup plus approprié … Mais tous savent fort bien que dans ce monde particulier, la valeur des humains et des choses est bien différente de notre monde à nous.
Ce soir, nous avions prévu faire le souper d’accueil au Mezza Luna, mais le resto est fermé pour rénovation … Nous irons donc à l’hôtel Impala qui offre plusieurs restaurants variés et un bonne cuisine.
30.12.04 Après le petit-déjeuner, c’est la préparation finale des sacs avant le départ pour l’ascension du Kilimandjaro. Le bus arrive vers 9h30 et nous plaçons les bagages sur le toit. Nous partirons finalement vers 10h00 pour arriver à Machame Gate à 1800 mètres d’altitude vers 11h30. Nous dînons sur place et après les longues procédures administratives du parc, nous partons dans le sentier vers 13h00. C’est tard !
Belle montée, plein d’échanges et placotages. Il nous faut 5h00 pour atteindre Machame Camp à 3800 mètres. Arrivés au camp, nous signons le registre et on se rend à l’endroit prévu pour le camping. C’est pas fort comme endroit ! C’est tout en pente. Nous prenons la décision d’installer les tentes ailleurs afin d’être un peu plus sur le plat. Les tentes ? Nous ne les avons pas encore et il est presque 19h00. Finalement, Frederick arrive avec 2 tentes et nous dit que les autres s’en viennent. Les porteurs ont eu beaucoup de mal à porter nos sacs, ce qui fait que tout est en retard … Tout un début !
Au souper, crème de champignon et spaghetti, sauce à la viande ou végétarienne. C’est très bon !
31.12.04 Après une bonne nuit de sommeil, un bon petit-déjeuner, nous débutons notre deuxième journée par une montée. Le sentier devient de plus en plus difficile et il nous faut grimper à travers les roches à certains endroits et l’altitude nous fait prendre conscience que nous devons ralentir le pas si nous voulons atteindre notre objectif. Il nous faudra entre 5h00 et 5h30 pour marcher les 7 kilomètres qui séparent les deux camps et atteindre Shira Camp à 3840 mètres. Encore une fois, le repas servi par l’équipe est excellent !
1.01.05 Bonne Année ! Tout un début d’année pour Catherine qui a été malade une bonne partie de la nuit. Nous partons de 3840 mètres vers 9h30 et le sentier devient dénudé de toute végétation et il est tout en montée sur un beau « faux plat montant » jusqu’à 4400 mètres. La route sera longue surtout à cause de la vitesse de marche qui est assez lente si nous voulons que Catherine puisse se rendre aussi loin qu’elle le désire. Arrivés à la jonction des sentiers, personne ne décide de passer par Lava Tower, un petit passage à 4600 mètres qui mène à une tour d’où par beau temps il y a une vue superbe. Le sentier joue aux montagnes russes, puis finalement une longue descente nous amène à Baranco Camp à 3950 mètres. Il nous aura fallu 9h00 pour réaliser cette étape qui prend normalement 6h00.
Cette journée est importante car elle envoie un message clair à notre corps de se préparer à affronter des altitudes plus élevés. Les alpinismes conseillent aux gens de « travailler haut et dormir bas ». Nous avons marché à une altitude de 4400 mètres, puis nous sommes redescendus dormir plus bas. Cette façon de faire facilite l’acclimatation à l’altitude.
Dès notre arrivée au campement, nous replaçons les tentes et chacun vaque à ses occupations et plusieurs en profitent pour une petite sieste en attendant le souper. La lune éclaire le Kilimandjaro sous les étoiles.
2.01.05 Cette nuit, c’est Yvan qui a été malade. Lever à 7h00, petit-dej., test de saturation, prises de vue d’Yvan malade et de la montagne, puis nous partons vers 9h30 de 3950 mètres, mais nous devons descendre de 100 mètres et traverser un beau petit torrent où poussent des Séneçons géants superbes. Puis, il nous faut affronter le « Great Baranco Breach Wall », un mur de plus de 300 mètres où certains passages pourraient faire peur à des bottes non expérimentées…
C’est une montée en lacet à travers les roches où il nous faut grimper à quatre pattes à plusieurs endroits. À un certain endroit, l’un de nos porteurs fait tomber un caillou qui passe tout près de Catherine … Ouf ! Arrivés en haut de ce mur, nous prenons une pause « jujube » bien méritée. Nous continuons par une succession de montées et descentes qui nous amène à Karanga Valley où nous passerons la nuit à 3963 mètres. Nous avons effectué les 5 kilomètres entre les deux camps en 5h00. Dès notre arrivée, nous avons des plats d’eau chaude pour nous permettre un petit lavage avant le lunch que nous prenons vers 14h30. En après-midi, chacun en profite pour faire un peu de lavage, se reposer ou écrire dans son journal. Au repas du souper, poulet en sauce, frites, salade de choux et fruits …
3.01.05 Encore aujourd’hui, nous profiterons d’une petite journée. En effet, nous n’avons encore que 5 kilomètres qui nous séparent du prochain campement, Barafu Camp à 4550 mètres. Nous partons vers 9h30 comme d’habitude. Certains prendront 2h00 pour franchir la distance, mais la plupart prendront 4h00.
Bon, nous voici à Barafu Camp, en position pour l’ascension finale du Kilimandjaro ! Tout se passe bien et le saturomètre est assez bon pour tout le monde et tout permet de croire que c’est bien parti pour l’ascension de cette nuit. Après le dîner, chacun vaque à ses occupations comme préparer ses vêtements et équipements pour l’ascension que nous effectuerons ce soir, écrire dans son journal ou dormir. Il a été décidé que nous partirons en deux groupes dont le premier à 23h00 et le second à 00h30.
22h45, c’est le réveil de la première équipe (Manon, Yvan, Steeve, Éric-Luc, Claude, Catherine, Simon, Gilles, et Daniel) qui partira à 23h30. Puis, à 23h30 les autres ( Pierre, André, Marcel, Alain, et Marie-Josée) se lèvent et partent à 00h45 un peu plus tard que convenu préalablement. Les départs sont en retard, mais c’est parti !
4.01.05 Un pas devant l’autre, sans un mot. La colonne humaine avance vers la cime. Nous suivons l’un des guides qui nous montre le chemin à travers cette noirceur que seules nos lampes frontales traversent. Les pauses sont rares et le rythme est tout de même assez lent pour permettre à tous de bien suivre. En chemin, nous regrettons presque le port de nos manteaux en duvet car il ne fait pas si froid. Puis par moment, le vent nous rappelle à l’ordre et nous démontre l’importance de nous méfier de la température changeante.
Manon ne va pas bien et finalement elle vomit. Elle vomira 7 fois en tout pendant la montée vers le sommet. Elle persistera malgré tout. Tout un courage ! Car même en bonne santé, l’ascension du Kilimandjaro demande une énergie incroyable. Malade, c’est surhumain ! Faire cette montée en 7h00 sans boire, ni manger … Toute une femme déterminée à mener à terme tout ce qu’elle entreprend !
Le second groupe (rapide) dépasse le premier groupe vers 4h00 et ils atteignent Stella Point peu après le lever du soleil vers 7h00. Ils attendent les autres et se rendent sur UHURU PEAK, 5895 mètres. Les derniers arrivent »crevés » à Stella Point vers 9h00. Après une pause eau et grignotage, ils repartent vers le sommet tout près, mais aussi très loin compte tenu de l’épuisement physique et mental. ENFIN ! Tout le monde est là, 14 sur 14. INCROYABLE ! Félicitations, photos, pleurs, rires, accolades … Tous se félicitent.
Après toutes ces émotions et quelques séquences de tournage d’Yvan, nous amorçons la longue descente. Il nous faudra entre 2 et 3 heures pour revenir à Barafu dans une descente assez abrupte à travers les petites roches qui roulent sous nos pieds. C’est un peu comme si on descendait une pente enneigée … Arrivés à Barafu, tout le monde retourne à sa tente pour un repos bien mérité.
Pendant le lunch, Marie-Josée va voir Frederick, notre guide en chef, et l’avise que compte tenu de l’état de fatigue généralisé et l’heure tout de même assez tardive, il serait plus sage de demeurer sur place au lieu de descendre comme prévu au prochain camp. Notre décision plait plus ou moins à Fred, mais il consent à nous accommoder en allant chercher le ravitaillement plus bas pour que l’on puisse avoir un petit-déjeuner demain matin car nous lui avons fait part que le souper était plus ou moins requis. Ce qui fait que tout le monde a passé le reste du temps à dormir ou au moins à se reposer jusqu’au lendemain matin.
Le Kilimandjaro, c’est 7 kilomètres d’ascension à partir du dernier campement, Barafu et un dénivelé de 1300 mètres que nous avons franchi en 7h00 pour les plus rapides et 9h30 pour les plus lents. Mais c’est aussi 7 kilomètres pour redescendre dans la roche et le sable que nous n’avions pas remarqués pendant la montée.
5.01.05 WOW ! Ça fait du bien une bonne nuit de sommeil ! Plus de 15h00 de repos, ça devrait nous remettre sur pied. Ce matin, les gens sont en forme et prêts à descendre plus de 2800 mètres (4600 m. à 1800 m. à Mweka Gate). Yvan fait des entrevues avec chacun de nous sur l’expérience qui l’on vient de vivre et certains témoignages sont touchants et poignants.
Nous débutons la descente sans trop de problème. 12 kilomètres plus loin et 3h00 plus tard, nous voici à Mweka Camp à 3100 mètres d’altitude. C’est ici que nous devions dormir et nous prendrons le lunch, le spaghetti prévu pour le souper d’hier nous est servi. Après le lunch, nous repartons. Plus nous descendons plus la végétation redevient importante et maintenant, nous sommes dans la forêt humide. Les arbres sont fournis et denses, il y a de plus en plus de fleurs et les oiseaux virevoltent d’un côté à l’autre du sentier. Encore 3h00 plus tard, nous voici à Mweka Gate, 1800 m. Voilà ! L’ascension du Kilimandjaro est terminée et de très belle façon …
Nous procédons à l’enregistrement officiel sur le registre et nous remettons les pourboires aux porteurs, cuisiniers et guides. Ils sont 46 en tout ! Ça coûte aussi plus cher que prévu … Nous avions prévu une trentaine de porteurs, mais l’important est que tout le monde soit satisfait ! Nous profitons de l’endroit pour acheter quelques souvenirs de notre ascension comme la carte des sentiers, les écussons du Kilimandjaro ou un chandail. Nous descendons au village ou nous sommes envahis par une horde de vendeurs de toute sorte. Chandails, couteaux, eau, chapeaux, … Une vraie invasion !
On retourne à l’hôtel pour une bonne douche et on soupe à l’hôtel ….