Du 25 décembre 1998 au 18 janvier 1999

Récit d’un voyage magique

écrit par Daniel Cyrenne

éducateur physique au cégep de Trois-Rivières

«Des rêves, il en faut toujours. Je les préfère aux souvenirs.»

(G. Rébuffat)

Mardi le 29 décembre 1999,

Namaste a tous,

OUF ! Que c’est long pour venir jusqu’ici. Nous sommes partis le 25 décembre et il nous a fallu 31 heures de vol et d’attente pour arriver a l’autre bout du monde. Heureusement que Singapore Airlines possède des avions super confortables et un service hors de l’ordinaire.

Première réaction lorsque l’avion approche de Katmandou: la ville est enveloppée dans un nuage de poussière et de pollution. C’est très décevant de voir cela, mais il y a tellement de monde et de circulation que c’est normal que le résultat soit comme ça, surtout que les normes antipollution ne sont pas trop sévères ici ….

Mais, heureusement, il y a les montagnes au loin que l’on distingue très bien dont l’EVEREST … WOW !

Enfin, on le voit. Je crois que le pilote de l’avion ne nous a pas trouvé drôle car tous les membres de notre groupe s’étaient ramassés du même côté de l’appareil pour cette première vue de notre destination finale.

Nous nous retrouvons au Nirvana Garden Hostel, très bel hôtel, très propre, bien situé et surtout calme. C’est infernal tout le ‘brouhaha’ qu’il y a dans les rues et ce, sans parler des vendeurs de toutes sortes. Tiger Balm, montres, bijoux, pot, opium, ….

Tout ce que vous voulez, vous le trouverez chez votre bon revendeur du coin de la rue. ‘Best price for you, best price… ‘

Notre première visite, pour la plupart des membres, fut ‘PASHUPATINATH TEMPLE’, c’est là que l’on fait la crémation des défunts … On a beau avoir vu, entendu, lu toutes sortes de choses sur ces crémations et sur les coutumes mortuaires des Népalais, mais être sur place et voir cette cérémonie …. OUF ! Tout cela est fait tout simplement, mais c’est l’ambiance tout autour qui ne concorde pas …

Là aussi, il y a des revendeurs de ‘gugus’ de toutes sortes, des SADHOU (sorte de moines aux cheveux très longs qui généralement ne se lavent plus depuis des années et qui ont la particularité de faire des exploits hors du commun. L’un de ceux-là ne boit que du lait depuis plusieurs dizaines d’années, un autre lève une pierre de plusieurs livres avec… son… pénis ? ? ? Preuves a l’appui. Ce sont évidemment les filles du groupe qui ont ces preuves …. Grâce a ces ‘exploits’ ils réussissent a vivre de l’argent qu’ils récoltent) , mais il y a cette odeur qui nous poigne comme si notre poitrine était compressée ….

Ouf !

On est sortis de là.

Nous nous dirigeons vers la « STUPA DE BOUDHANAT ».

Un superbe temple en l’honneur de Boudha, tout blanc avec les yeux de Boudha tout en haut. Puis, nous entrons dans un monastère boudhiste ou plusieurs moines tibetains prient et chantent. C’est incroyable l’importance de la prière. Je suis certain qu’il y aurait plusieurs curés de nos villages qui n’en demanderaient pas temps …

ET pour compléter cette première journée, quoi de mieux qu’un peu de magasinage. « Best price, par-ci; best price, par là », c’est très important de négocier car aucun prix n’est affiché et TOUT se négocie. Si vous achetez sans négocier, le vendeur vous regarde de travers. Une négociation fait partie intégrante de la vente, ils vous installent sur un siège devant eux et exhibent leurs marchandises et là, ça commence … Quand vous partez sans acheter, c’est pas possible comme les prix deviennent alors ridiculement bas.

Demain, c’est le grand départ pour Lukla situé a 2800 m. d’altitude. Nous aurons besoin de 4 petits avions (Twin Otter de 14 passagers) pour transporter tout notre monde. Tout le monde est fin prêt et espère la plus belle randonnée …

30.12.98

Nous sommes partis tôt de l’hôtel en direction de l’aéroport. Pour une très longue attente car nos vols devaient être a 10h00 et le premier groupe n’est parti qu’à 11h15, suivi du deuxième tout juste après.

Le troisième groupe a pris le départ de Katmandou à 14h30 et le dernier groupe (c’est ça la joie d’être nombreux …) n’a pu partir parce que la météo n’était plus bonne. Ils sont donc partis que le lendemain… Et voilà, pour un début c’est réussi.

Nous sommes donc à LUKLA (2800 m) et nous devrons y passer la nuit en attendant les autres qui devraient arriver demain, mais quand ?

Mais que dire de l’attérissage sur cette piste.

Piste dis-je ?

31.12.98

On va a l’aéroport de Lukla et on attend les autres qui arriveront finalement a 10h15. C’est la joie de tous car, on pourra débuter notre randonnée très très bientôt.

C’est le départ ! Toute une caravane: 47 clients et plus de 50 porteurs, sherpas, cuisiniers, etc.

Nous sommes partis que depuis 2 heures, que déjà c’est la pause du midi. Les cuisiniers ont déjà préparé le lunch et un jus chaud nous attend. C’est pas mal impressionnant de voir comment l’organisation est efficace et très bonne.

Après une petite journée d’environ 4h00 de marche, nous nous arrêtons a PHAKDING (2600 m) pour le souper et le dodo dans un lodge. Chambres ou dortoirs selon les disponibilités et la rapidité des participants ….. Certains prendront l’habitude d’arriver tôt pour choisir une bonne place …

On a droit a une « bonne » soupe a l’ail et un très bon repas. Les cuisiniers font véritablement du bon travail avec les moyens dont ils disposent.

Nous sommes le 31 décembre et évidemment on voudrait bien fêter le Jour de l’An, mais on est pas mal fatigué et on propose (pour les besoins de la T.V) de faire la fête plus tôt. Donc c’est a 20h30 que nous nous sommes souhaités les bons voeux et faits la fête sous les cameras de TQS. Les Népalais ont participé en chantant et en dansant, ce qui a ajouté à notre petite fête.

1.01.99

BONNE ANNÉE A TOUS !

Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers NAMCHE BAZAR (3444 m). Toute une journée nous attend, mais surtout toute une montée …

Il fait encore beau et chaud. Mais une chance que nous sommes hors saison, il a « foul » monde et en plus étant donné le climat sec, il y a plein de poussière dans l’air. On étouffe ! Chacun essaie de se cacher du mieux qu’il le peut avec un foulard ou même la main, mais à la fin de la journée tout le monde tousse et crache la poussière accumulée dans ses poumons ….

Il y a beaucoup de monde parce que demain, c’est le grand marché public de NAMCHE …. Tous les producteurs de n’importe quoi viennent vendre ou acheter leurs choses, il y a même des Tibétains.

C’est lors de notre montée vers Namche que nous avons notre première « VUE » sur l’Everest. WOW !

Nous poursuivons notre longue montée (500 m de dénivelé) vers Namche et lorsque nous y arrivons, on nous dit que notre lodge est tout en haut du village. On monte encore et finalement nous serons a 3505 m d’altitude pour dormir. Toute une journée !

Heureusement nous restons ici pour 2 nuits afin de débuter notre acclimatation.

Très bon souper, encore de la « bonne » soupe a l’ail et du YAK. C’est bon, mais c’est comme du Steak qu’on aurait oublier dans la poêle un peu trop longtemps.

2.01.99

Aujourd’hui, magasinage en avant-midi et acclimatation en après-midi. Le matin on va au marché, ouf !

Il a plein de monde partout, ça tousse, ça crache, ça pue, ça se bouscule, ça …. n’a pas de bon sens.

On quitte rapidement ce secteur pour aller dans les rues plus tranquilles du village où on négocie les prix sur tout. « Best prices » par ici et « give me your best price » par là … C’est comme ça partout.

On remonte pour le dîner et après, on nous propose une petite ballade dans la montagne d’où nous aurons une belle vue. On monte 300 m et nous arrivons à un endroit où la vue sur l’Everest est de toute beauté. Plusieurs personnes laissent alors glisser une petite larme qui n’est pas le fruit de la pousssière. WOW ! QUELLE BEAUTÉ, la montagne la plus haute du monde s’offre a nous sous son meilleur jour. Même Nima, notre responsable de la compagnie de trekking ne l’a jamais vu aussi belle dans toute sa splendeur et sous un ciel sans nuage. Personne ne parle, juste la contemplation et le silence que nous impose cette merveille. Maintenant, même si je ne peux aller plus loin, j’ai déjà eu ma récompense. Le reste, c’est du surplus ….

3.01.99

Quelques personnes montrent déjà des signes de malaises (grippe du à la poussière probablement). Encore une très belle journée, nous avons vraiment ce que l’on mérite ….

On traverse plusieurs petits villages et on conserve comme toile de fond, l’Everest. C’est quand même assez stimulant de voir où l’on se dirige, surtout vers cette beauté. Peu a peu, on découvre une autre splendeur, l’AMA DABLAM . OUF !

Quelle belle montagne elle aussi, on dirait une personne qui étend les bras devant elle comme pour nous accueillir.

Cette journée de 6 heures de marche nous amène a Thyangboche (3800 m) et la certaines personnes donnent des signes de malaises du à l’altitude. Un coup d’Aspirine et ça doit passer sinon on suivra l’évolution de très près. Nous avons la chance d’avoir un appareil qui mesure la saturation en oxygène dans le sang. Normalement les gens « saturent » autour de 97 %, mais lorsqu’on monte en altitude, la saturation descend vers les 85 % et l’acclimatation permet de faire remonter ce pourcentage. Les gens qui s’acclimatent mal on un pourcentage bas par rapport aux autres et ils faut y faire attention.

Au souper, « ENCORE » de la « bonne » soupe a l’ail (c’est bon pour l’altitude, qu’ils disent) …. Après l’heure du souper alors que l’on traite certaines personnes, un sherpa vient nous voir pour un mal a l’estomac. « Mal a l’estomac » qu’il disait ? Il a un abcès au ventre gros comme un 2 $ et profond de plusieurs millimètres et infecte. Houache !

Bon, on sort la trousse et on nettoie et arrange ça du mieux que l’on peut….

4.01.9

Nous allons assister a la cérémonie des moines bouddhistes dans le temple tout juste à côté de notre lodge à 7h00 du matin. C’est tellement tôt que même les moines dorment encore. Ils arrivent finalement à 7h30 et une petite cérémonie commence. Il faut se déchausser et il fait froid là dedans. Au moins avec ça, on a une garantie que l’on pourra poursuivre notre route sans trop de problèmes!

On contourne l’Ama Dablam, re-WOW !

Et après une journée de 6 heures de marche on se retrouve a Dingboche (4300 m). Aujourd’hui, l’un de nous est demeuré a Thyangboche pour des problèmes de maux de tête et de grippe. Il devrait nous rejoindre dans 2 jours. Nous sommes de plus en plus haut et ça commence a paraître chez la plus part des membres du groupe. Maux de tête, fatigue, manque d’appétit, etc. Mais le moral des troupes est bon. Il faut dire que nous avons dû couper l’une de nos journées d’acclimatation dû au retard du dernier avion et là, ça se fait sentir.

Encore une très bon souper, mais avec cette « maudite bonne » soupe a l’ail. Ça beau être bon pour l’altitude, ca commence à agacer mes papilles gustatives et mon odorat ….

5.01.99

Dingboche, grasse matinée. Aujourd’hui, nous demeurons sur place pour notre deuxième journée d’acclimatation, elle est importante celle-là. Déjà a 8h00, devinez ? Ben oui, on nous sert de la « maudite » soupe a l’ail !

A 8h00 le matin ?

Les sherpas, eux, ils sentent l’ail a plein nez, ça tombe sur le cœur de pas mal de monde .

Repos en avant-midi et petite montée d’acclimatation en après-midi. Nous nous rendrons jusqu’à 4800 m (c’est la hauteur du MT-BLANC, le plus haut sommet des Alpes !) et certains jusqu’à 5000 m pour revenir coucher au village a 4300 m. C’est ce qu’il faut faire selon les livres, travailler haut et venir coucher bas.

Plusieurs personnes souffrent du mal de tête dû à l’augmentation du plasma dans la circulation sanguine. Le médicament pour cela est le Diamox qui est un diurétique donc, fait diminuer la quantité de liquide dans le sang …. Et pour éclaircir le sang, pour une meilleure circulation parce que le sang s’épaissit en altitude, il y a l’Aspirine …. Jamais, on aura pris autant de médicaments en si peu de temps, mais ….. Ça vaut le coût !

6.01.99

Aujourd’hui, notre destination est LOBUCHE.

Oups ! Mauvais départ, nous sommes partis que depuis quelques minutes que déjà il faut traiter une personne qui est gelée. .. Après, on continue tout doucement car a cette altitude, il faut être lent si on ne veut pas avoir de problème de respiration ou de maux de tête.

Après un long faux plat qui nous amène a Dhugla (4600 m), on nous dit qu’à l’arrière quelqu’un est mal en point. On va l’aider et lorsqu’il est avec nous on se rend compte que le mal de montagne est en train de faire son oeuvre (mal de tête, nausée, étourdissement, grande fatigue, etc). Donc, on décide de le placer dans le caisson hyperbare pour le ramener artificiellement 1000 m plus bas afin de lui permettre de reprendre un peu le dessus. Après 1 heure de traitement, on le sort. Ca va mieux, mais il faut qu’il redescende au moins de 300 a 400 m plus bas afin d’effacer ces symptômes. Il est maintenant très important que cette personne descende et il y a 2 autres personnes qui ne sont pas bien qui vont prendre le même chemin. Donc, Frédéric et moi allons raccompagner ces trois personnes au village de Pheriche a 4200 m où chacun de nos malades pourra récupérer un peu et redescendre plus bas le lendemain.

Pendant ce temps-là, on décide que le groupe demeurera a Dhugla pour la nuit. Ca sera une nuit d’acclimatation pour Lobuche prévu maintenant pour le lendemain.

7.01.99

Nos malades ont passé une meilleure nuit et Frédéric et moi remontons vers Lobuche (départ a 4200 m et arrivée a 4900 m). Lors de notre montée, nous rencontrons 5 personnes du groupe qui redescendent vers Pangboche pour récupérer car ils ont connu une mauvaise nuit et ne sont pas certains d’aller mieux plus haut …

Il commence a avoir des nuages et même, lorsque nous arrivons a Lobuche, il tombe quelques grains de neige. C’est un endroit assez froid et il n’y a pas grand chose. A notre arrivée, on vient tout juste de terminer l’évacuation d’une personne qui s’est blessée en tentant l’ascension de l’Everest. Ça refroidit encore plus l’ambiance de ce coin pas trop trop hospitalier …

Bon, on s’installe dans le lodge, on mange notre  » ./*&^^%% » soupe à l’ail et on se couche tôt car nous partons à 3h30 cette nuit pour effectuer notre randonnée vers le KALA PATHAR ou le CAMP DE BASE DE L’EVEREST selon les goûts de chacun ou ses forces et c’est la seule chance que nous avons, il nous faut redescendre dès le lendemain …

8.01.99

Réveil par l’habituel « tea time » mais à 3h00 et départ à 3h30 à la frontale dans ce sentier parsemé de cailloux. Nous nous dirigeons vers Gorak Shep (5100 m)sous un ciel nuageux et quelques flocons de neige nous tombent sur la tête, mais la lune semble vouloir percer. Nous atteignons le petit village en 2h30.

On arrive et on s’installe dans un lodge et on essaie de se réchauffer du mieux que l’on peut. Il fait un froid de canard et pas mal tout le monde a les pieds gelés . Trois personnes décident de redescendre vers Lobuche par mesure de prudence et 3 personnes (Hélène Poisson, Christine Abran-Cyrenne et Marc Michaud) décident d’aller vers le Camp de Base de l’Everest (5300 m). Donc, il reste 33 personnes qui vont tenter l’ascension du KALA PATHAR (5545 M).

Que ce fut pénible et douloureux pour plusieurs. Les maux de tête, le manque d’air, la fatigue, ….

Mais chacun de nous a su trouver au fond de lui la motivation qui lui a permis d’atteindre l’objet de ses RÊVES. Chacun de nous a su relever le défi et surmonter les obstacles pour atteindre ce point culminant d’où la vision de l’EVEREST EST IMPRÉGNÉE TRÈS PROFONDÉMENT DANS LEUR COEUR. Presque tous ont eu au moins une larme sur la joue pour montrer que l’effort était finalement récompenser.

Pour ma part, c’est la plus difficile expérience de montagne que j’ai vécue à ce jour et lorsque je suis parvenu au sommet du Kala Pathar, 1h30 après les premiers, j’ai éclaté en sanglots . . . J’ai pris quelques minutes pour me remettre de cette difficile épreuve, mais après, ce fut l’extase, la récompense suprême ….

OUI, CE FUT DIFFICILE, MAIS OUI, ÇA VAUT LA PEINE DE SE DONNER CORPS ET ÂME À SES RÊVES …..

« L’ambitieux trouve des moyens afin de réaliser ses projets, celui qui ne l’est pas, lui, trouve des excuses… »

Je fais partis du monde des ambitieux et des rêveurs et je crois qu’avec de la volonté nous pouvons changer et accomplir de grandes choses . . .

Voilà, après l’extase et la récompense suprême, après les félicitations et les photos, c’est déjà le temps de penser à redescendre. Comme le temps passe vite au sommet du KALA PATHAR (5545 m). Il me semble que je serais demeuré là des heures et des heures à contempler l’Everest (8848 m), le Nupse (7896 m), le Lhotse (8501 m), le Pumori (7145 m) et tous les autres sommets tout autour qui donnent à cet endroit une allure de prestige, presque surnaturelle.

Que c’est beau !

OUI, ça valait tous ces efforts, tous ces sacrifices, tous ces entraînements, toute cette préparation, toute cette satanée soupe à l’ail. OUI !

Bon, allons-y.

On redescend tout doucement et beaucoup plus facilement. Les visages sont rayonnants et on garde toujours sur notre gauche cette merveilleuse image du trio magique (l’Everest, le Nupse et le Lhotse). Et en prime on distingue fort bien le glacier du Khumbu par où les alpinistes montent vers le col sud. On ne voit pas l’endroit où est le camp de base, mais on le devine très bien au pied du glacier. De toute façon on pourra en savoir un peu plus lorsqu’on reverra les 3 personnes qui s’y sont rendues (Hélène, Christine et Marc).

Bilan :

3 personnes se sont rendus au Camp de Base de l’Everest et 33 ont réussi l’ascension du Kala Pathar. Il faudrait aussi ajouter les 3 personnes qui se sont rendus jusqu’à Gorak Shep (5100 m) et qui n’ont pas tenté l’ascension ou le Camp de Base dû à la fatigue et au froid. C’est très bon surtout lorsqu’on sait que 40 % des gens n’atteignent pas Gorak Shep.

La descente se passe bien et assez vite on revient à Gorak Shep où les sherpa nous y attendent avec un jus chaud qu’il fait bon de se mettre derrière la cravate. On se fait dorer un peu au soleil, question de récupérer un peu et on se remet en route vers Lobuche. Il faudra 2 longues heures de marche à travers ce sentier vallonné et parsemé de roches, mais au moins là, il fait clair et il fait chaud.

A notre arrivée au lodge, chacun retourne dans son sac de couchage et ne se réveille que pour le souper. C’est une bonne chose qu’on demeure là une nuit de plus. Ç’aurait été l’enfer de redescendre plus bas, d’autant plus qu’il manque encore pas mal de monde et les 3 du camp de base ont un très long retour à effectuer (3 heures de marche pour revenir à Gorak Shep + 2 heures pour Lobuche. OUF !).

9.01.99

Que ce n’est pas facile de dormir en haute altitude ! Certains auront du mal à respirer (c’est assez spécial de se réveiller en suffocant suite à une apnée du sommeil. Parlez-en à Marc .), d’autres essaieront de combattre les maux de tête par l’aspirine et d’autres enfin, souhaiteront le retour du matin au plus vite afin de redescendre au plus sacrant plus bas où l’air est meilleur et surtout plus abondant en oxygène.

Enfin, c’est le  » tea time « . On prend le thé, on prépare nos sacs et le déjeuner suit. Moi, je demeure couché. Je n’ai pas faim.

Finalement, on part vers Dughla que l’on franchit assez vite. On y retrouve avec grand plaisir Geri, Hélène Michaud et Danielle qui étaient redescendues la veille afin de diminuer les problèmes dus à l’altitude. Elles nous font part de leur mauvaise nuit où le froid les a envahies pas mal dans ce petit lodge à 4600 m. Tout le monde a hâte d’être plus bas. Puis, on continue notre route vers Pheriche (4200 m) où le dîner nous attend. Il fait froid et il neige un peu, mais on avance à bon rythme .

Le dîner se passe dans une ambiance froide. Le petit poêle du lodge chauffé avec des excréments de Yak n’arrive pas à réchauffer ce groupe de randonneurs qui espérait un peu plus de chaleur. Et c’est le départ vers Pangboche (4050 m) que l’on attendra quelques heures plus tard sous une belle petite tempête de neige. Ce qui donne un tout autre aspect à l’environnement.

10.01.99

Comme d’habitude,  » tea time  » à 6h00. On fait nos bagages et le déjeuner suit à 7h00 et le départ à 8h00, c’est la routine matinale. Aujourd’hui, il y a un changement d’itinéraire dû à l’accumulation de la neige. Le tracé initial est très beau, mais trop abrupte et dangereux dans ces conditions. Donc, nous nous rendrons à Namche Bazar au lieu de Phortse. Certains auraient même espéré faire une plus grande distance afin d’être à Lukla plus vite, mais ça ne vaut pas la peine de passer 2 jours à Lukla où il n’y à rien d’autres à faire qu’attendre l’avion .

Que c’est beau !

Le paysage est sublime grâce à toute cette neige. On refait le même tracé que lors de notre montée, mais la neige donne une toute autre dimension aux montagnes où à chaque tournant, à chaque montée ou descente, c’est l’occasion d’une bonne photo. Il se prendra tellement de photos pendant cette journée que nous avançons à pas de tortue, mais ça vaut la peine . . .

Puis, nous arrivons à un pont qui nous fera traverser le torrent. Mais il faut attendre parce que 2 Yaks viennent de s’engager et c’est mieux de laisser le passage libre à ces bêtes paisibles mais aux comportements tellement imprévisibles. Les Yaks s’approchent quand tout à coup, le premier glisse. Le pont est recouvert d’une mince couche de glace et les Yaks ont du mal à demeurer sur leurs pattes. Ces grosses bêtes, pas si bêtes, se rendent bien compte qu’il sera difficile de franchir l’extrémité du pont, alors elles décident de rebrousser chemin.

Le pont est large d’environ 1,5 mètre et ces bêtes font quelque chose comme 2 mètres de long ? ? ? Vous imaginez le drame qui se passe lorsque 2 bêtes avec d’énormes cornes se sentent coincées sur un pont dont heureusement les côtés sont protégés par un grillage car les 2 Yaks se seraient retrouvés 10 mètres plus bas.

Après plusieurs minutes de rudes combats et plusieurs glissades, les Yaks réussissent à se libérer et filent à toutes vitesse vers l’autre rive. Ça sera à notre tour et ce n’est pas évident pour tout le monde de franchir un pont suspendu de la sorte particulièrement lorsqu’une personne ayant le vertige a assisté à ces événements. On réussit à passer avec plus de peurs que de mal.

La route est beaucoup plus longue que je le pensais et après plusieurs tournants et fausses joies, nous arrivons à Namche vers 16h00. Le rituel se poursuit : jus chaud, souper et dodo vers 20h00. On ne s’est jamais couché aussi tôt que pendant ce trek, mais les journées passées à l’extérieur, la fatigue, le froid, la nourriture, le manque d’oxygène, tout cela, il faut bien le récupérer.

11.01.99

Même routine matinale et on part de Namche à 8h15. Le groupe se dirige lentement mais sûrement tout en profitant des dernières journées de ce fabuleux trek. On prend notre temps et des photos en quantité. On se permet même d’arrêter dans un village dans un petit café/bar pour prendre une bière ou un soda et surtout profiter des chauds rayons de soleil et placoter un peu. Le jeune qui nous sert va à l’école Sir Edmund Hillary à Kumjunk (c’est un village tout juste au-dessus de Namche) et il parle assez bien l’anglais. Présentement, il est en vacances scolaires parce qu’il fait trop froid (c’est l’hiver tout comme chez-nous dans cette région).

Puis, nous arrivons à Phakding vers 16h00. Nous sommes encore les derniers !

Nous aurons droit à des pâtes et à de la pizza. Ces cuisiniers sont incroyables !

Ils arrivent à faire des gâteaux, des pizzas et toutes sortes de choses fort succulentes avec de simples réchauds .

Après le souper, c’est le party. Sous la musique népalaise, ça chante et ça danse. Ça paraît que le fin du trek est proche . . . Demain, déjà la dernière journée.

12.01.99

DERNIÈRE JOURNÉE DU TREK.

C’est une journée d’environ 3 heures de marche, mais nous les derniers, on la fera en plus de 4 heures pour se rendre à notre point d’arrivée, LUKLA.

On prendra notre temps et des photos, surtout que quelques membres du groupe ne se sentent pas bien. Donc, on ira à leur rythme et ça fait bien notre affaire de profiter, de prolonger encore ce plaisir de marcher sur ce sentier qui a vu défiler tellement de grands noms. En passant, depuis hier, nous sommes dispensés de la  » merveilleuse  » soupe à l’ail étant donné que nous descendons.

Comme c’est dommage !

Maintenant, j’apprécie vraiment la réalisation de cette grande aventure, la plus grande et la plus merveilleuse à ce jour, mais aussi la plus difficile. Ouf !

C’est incroyable ce que chacun a du endurer et subir pour aller au bout de ses limites et de ses ressources. C’est probablement ce qui fait de ce projet une expérience inoubliable pour chacun de nous. Autant par l’atteinte du but que l’expérience de vie de groupe hors de l’ordinaire dû aux conditions extrêmement difficiles.

C’est un projet à refaire, mais la montée vers Lobuche devrait se faire plus lentement et une fois l’objectif atteint (Kala Pathar et Camp de Base de l’Everest), la descente devrait être plus rapide. Les gens ont hâte de revenir lorsque le but est atteint .

13.01.99

La nuit aura été plus ou moins bonne. Probablement que le sentiment que la fin est toute proche, que nous retournerons très bientôt vers un autre monde, celui de Katmandou en particulier est de nature à bouleverser un peu notre sommeil.

Le lever se fait à 6h30, les bagages sont prêts sur le champ et le petit déjeuner s’engouffre en vitesse. Nous partons pour l’aéroport de Lukla d’où nous devrions prendre l’avion assez tôt en avant-midi .

Nous devrions ?

Sur nos billets, les heures de départ y sont indiquées pour 7h30, 8h00 et 10h00 selon les groupes .

Nous devrions, car c’est sans compter sur le fait que les avions  » volent à vue « , donc les pilotes attendent que le ciel soit dégagé pour partir de Katmandou et s’assurent que le ciel soit clément pour leur atterrissage à Lukla.

Après avoir passé les formalités, assez ridicules en passant, nous attendons les avions.

Les formalités ?

On nous fait passer, un par un, dans un espèce de couloir où un agent, dans tout son zèle, nous fouille et inspecte les bagages à mains pour découvrir un briquet ou des allumettes (un contenant de naphta, ça, c’est pas dangereux ? ?) pour se retrouver de l’autre côté après cette fouille avec tous ceux qui n’ont pas encore été  » inspectés  » ? ? ?

Angnima me dira que c’est cela le Népal. Il ne faut pas essayer de comprendre, il faut juste suivre la procédure.

Finalement, on voit l’un de nos avions arrivés vers 10h00, l’autre suit quelques minutes plus tard et les deux premiers groupes partent peu de temps après. Youppie !

Les 2 autres groupes partiront vers 13h00 et tout le monde se rejoindra à l’hôtel Nirvana pour une bonne douche.

Une  » douche  » ?

Ha ! Oui, on se souvient maintenant à quoi ça sert.

Quelques membres du groupe iront prendre une bonne bouffe au ‘Fire & Ice’. Petit resto italien (?) où la pizza est succulente et où les glaces importées d’Italie sont savoureuses et en plus, ils ont du Cappucino. Miummmm !

14.01.99

Une des activités que les membres du groupe ont effectuée, a été le magasinage. Je devrais dire le marchandage car lorsqu’on achète quelque chose à Ktm, il est de nature de marchander ou négocier le prix avec le vendeur, toute une aventure en soi d’essayer d’obtenir le meilleur prix que les autres membres du groupe pour les différents items. Les meilleurs écarts ont été sans l’ombre d’un doute les prix payés pour des tamtams, entre 450 à 2000 Roupies (10 à 50 $ cdn)…

Tous les membres du groupe ont été reçus par Angnima (World Adventure) dans un grand hôtel de Ktm où la bouffe fut excellente et en plus, un spectacle nous fut présenté pour nous démontrer les différentes danses et ethnies du Népal. En plus, lors de cette réception, c’était l’anniversaire de sa cadette de 9 ans.

Quelle belle petite fille avec sa jolie robe et ses chaussures en cuir verni !

Ça fait différent des ce que l’on voit dans la rue.

15.01.99

Cette journée fut réservée à la visite d’un vieux village médiéval ‘Bhaktapur’ vraiment charmant et typique de la période faste et glorieuse de ce que le pays a du connaître il y a bien longtemps. En plus nous avons profité de notre séjour dans ces murs pour visiter une école d’artistes peintre qui travaillent sur des toiles vraiment spéciales, mais dont les prix étaient assez élevés. Mais c’était des oeuvres magnifiques.

En soirée, quelques membres du groupe se sont ramassés au ‘Third Eye’ où le Filet Mignon était quelque chose à voir, mais surtout à manger pour environ 9 $ US (merci Joël pour le tuyau).

16.01.99

Journée de repos.

Fin du magasinage et apéro sur la terrasse sur le toit de l’hôtel . Angnima profitera de cette dernière journée pour inviter quelques personnes à souper chez lui. Une demeure toute somptueuse pas très loin de l’hôtel où nous logions.

17.01.99

Journée de départ.

C’est le branle-bas à l’hôtel et lorsque les minibus arrivent, chacun essaie de mettre ses bagages en lieu sûr afin de ne rien perdre en cours de route. Nous arrivons à l’aéroport et après les formalités, ce sont les ‘aurevoir’ à Angnima et son épouse Migma. On sent qu’ils sont ravis de notre passage et ils nous disent qu’ils devraient être de passage au Québec à l’été. On l’espère car ce sont des gens fort sympathiques.

On prend l’avion et on arrive à Singapour en début de soirée et le groupe se sépare. 6 membres demeurent sur place pour quelques jours de vacances tandis que les autres continuent leur route pour Montréal.

C’est le cousin d’Yvan Martineau qui recevra 4 des 6 membres chez lui (Manon et Yvan, Geri et Daniel) et Hélène et Marc Michaud séjourneront à l’hôtel .

18.01.99

Visite à l’office du tourisme où Yvan (c’est ça les avantages d’être avec un gars de la TV) doit rencontrer quelqu’un pour obtenir des laissez-passer pour différentes activités.

Après, on se rend à Santosa Island via un téléphérique qui surplombe la ville. WOW !

On a une vue fort impressionnante du port de Singapour qui est depuis peu le port le plus achalandé au monde (devançant le port de Rotterdam). Arrivés sur l’île, nous faisons un tour en monorail et on s’arrête à l’aquarium.

Je sais, je sais, certains vont dire que des aquariums il y en a partout et que ce n’est pas original, mais c’était original la façon dont ils ont organisé leurs expositions et démonstrations.

Après cette belle visite, nous en avons profité pour se mettre les fesses dans la Mer de Chine.

Oui, on a fait une saucette à partir d’une des plages que cette île comporte. Re-Wow !

L’eau était chaude et la température extérieure était autour de 30 o C . . .

Après, nous avons assisté à la ‘fontaine musicale’ où son et lumière au laser jumelés aux jets d’eau nous en ont mis plein la vue. Puis, un chauffeur de taxi nous a recommandé un coin où la bouffe est bonne et pas cher. Pas cher, qu’il disait !

C’est vrai pour ce genre de marchandise. Les marchands de ce coin ne servaient que des fruits de mer à des prix très compétitifs pour Singapour, pas nécessairement pour nous, parlez-en à Géri. C’était fort délicieux.

19.01.99

Après un lever pas mal tard, il faut bien récupérer de notre aventure au Népal, nous sommes allés dans ‘Little India’, quartier indien comme son nom l’indique où nous avons fait du lèche vitrine et pris un repas dans l’un des commerces du coin.

En début de soirée, nous nous sommes rendus au Zoo.

Ho là, là, vous en faites une tête.

Ben oui, au Zoo, mais pas n’importe quoi.

Premièrement, il fallait bien bouffer et à cet endroit, on y servait un buffet. Ouf !

Quel festin !

On a mangé comme si on avait pas vu de bouffe depuis des semaines et pour dessert, des gaufres avec de la crème glacée. MIUMMMMM !

Le zoo, c’est une activité spéciale dont le nom est ‘Night Safari’. On a la chance de voir les animaux la nuit alors qu’ils sont pour la plupart beaucoup plus actifs. C’était vraiment très impressionnant, particulièrement les chauve-souris géantes. Hein, Manon ?

20.01.99

Journée de repos et souper dans un quartier chinois avant notre départ en soirée.

Singapour :île de la superficie de l’île de Montréal avec 3 millions d’habitants, pas de chômage et pas de pauvreté car l’état s’occupe de tous ses habitants et chacun paie son loyer selon ses revenus qui en passant ne sont pas imposés, le coût de la vie est super cher et le $ de Singapour vaut environ 0,90 $ cdn. Les lois sont très strictes comme par exemple, un conducteur pris en état d’ébriété perd son permis de conduire pour la vie et les vendeurs de drogue sont passibles de la peine de mort. Ça doit faire réfléchir un peu. Tout est propre et il ne se vend pas de gomme à mâcher sur l’île afin que tout demeure propre.

Bien voilà, après les quelque 13 heures de vol nous séparant d’Amsterdam, les 7 heures de vol pour New York et l’heure pour Dorval, nous voici enfin à la maison. Fatigués mais remplis d’images et de satisfaction de soi.

Nous espérons que ce résumé de cette grande aventure vous a plu et que nous avons pu vous faire partager, au moins un tout petit peu, les émotions, l’effort, le travail, les joies et les peines que nous avons tous eus lors de ce Trek à l’EVEREST . . .

Daniel :o)